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Elisha

— Tu connais une voyante ?

J’avais posé la question directement, sachant qu’avec Alix, c’était de loin la façon de faire la plus efficace.

— Pourquoi me demandes-tu ça ?

Nous étions dans la bibliothèque, endroit où mon Cyldias passait le plus clair de son temps depuis son arrivée à Ramchad. Il s’installait chaque fois derrière une immense pile de livres, au deuxième étage du gigantesque bâtiment, et s’arrachait les yeux sur des textes illisibles des heures durant, avec pour tout éclairage quelques bougies trop souvent moribondes. Il fuyait la compagnie des mages de l’Orphelinat, refusant de leur enseigner quoi que ce soit, et s’obstinait à ne pas me dire pourquoi. J’avais vite abandonné le sujet, ayant mieux à faire que de m’inquiéter pour ça.

— Parce que j’ai besoin d’en consulter une. Une excellente.

— Dommage que Solianne ne vive pas sur la Terre des Anciens.

Je ne sourcillai même pas en entendant cette réponse et réorientai ma question.

— Pourquoi ne veux-tu pas que je la rencontre ?

— Que tu rencontres qui ? me renvoya-t-il innocemment, sans même lever le nez vers moi.

Comme je n’avais pas toute la journée à consacrer à ce dialogue de sourds, je lui retirai son livre et attendit qu’il daigne s’occuper de moi. Il finit par me dire simplement :

— Parce que ce n’est pas une bonne idée, Naïla.

Je cherchai à ignorer l’effet qu’avait encore sur moi, des mois après la première fois, le fait de l’entendre prononcer mon prénom. Le frisson qui me parcourait me faisait me sentir aussi bête qu’une adolescente de quinze ans devant un garçon qui lui plaisait. Dieu sait que nous avions pourtant depuis longtemps franchi ce stade dans nos relations. J’inspirai profondément avant de lâcher d’un ton ferme :

— Je ne t’ai pas demandé ton avis sur ce que je voulais faire, Alix, je t’ai demandé de m’aider. Je ne vois pas où…

— Eh bien moi, je vois où est le problème, compléta-t-il à ma place, me faisant grincer des dents. Les voyantes n’apportent jamais que des ennuis à ceux qui les consultent.

— J’ai besoin de retrouver mon grand-père, laissai-je tomber comme si je parlais de la pluie et du beau temps.

Ma phrase ayant eu son petit effet, il daigna enfin m’accorder un minimum d’intérêt. Je lui offris mon plus beau sourire de triomphe. Il roula des yeux exaspérés.

— Si c’est tout ce que tu as trouvé pour capter mon attention…

— Ce que tu peux être de mauvaise foi quand tu veux, Alix ! Je ne cherche pas à attirer ton attention, j’ai besoin que tu me donnes un coup de main. Il me semble que ce n’est pas si compliqué que ça !

— Si c’est pour consulter une voyante, ça l’est, persista-t-il, têtu. C’est quoi, cette histoire de grand-père ? s’informa-t-il néanmoins quelques instants plus tard.

Je m’empressai de lui expliquer ce que j’avais appris de Samuvel, par Hilda d’abord, puis grâce au récit d’Andréa. Il m’écouta, sans commenter, jusqu’à la fin.

— Tu souhaites le renvoyer sur Brume ?

— Oui, s’il est toujours en vie et s’il est d’accord, bien sûr. Je n’ai pas l’intention de l’y contraindre. Tu as une meilleure solution que la voyante ?

— Malheureusement, non. Un Être d’Exception comme lui peut facilement se fondre dans la nature et disparaître sans que personne ne se doute qu’il est encore en vie.

Mon Cyldias se passa une main nerveuse dans les cheveux.

— Quelle est la vraie raison de ta réticence, Alix ?

Il resta un moment silencieux avant de répondre.

— Je n’ai rencontré que trois voyantes dans ma vie, dont ma mère. La première m’a laissé un souvenir encore plus désagréable que ma première séance de torture aux mains de Mélijna. C’est tout dire.

 

* *

*

 

Ce n’était sûrement pas aujourd’hui qu’Alix allait s’ouvrir à Naïla sur cette sombre journée où on lui avait prédit, à quinze ans, qu’il avait en lui tout ce qu’il fallait pour succéder dignement à Ulphydius. Il n’avait jamais partagé ce secret avec personne. Il désirait oublier ce moment où ses espoirs s’étaient effondrés ; le défenseur de la Terre des Anciens qu’il rêvait de devenir avait bien failli perdre toute chance de voir le jour. Malgré son refus d’y croire, le Cyldias avait mis plus d’un mois à passer outre. Et voilà que cette histoire était revenue le hanter périodiquement depuis le retour de Naïla sur la Terre des Anciens, alimenté par la découverte de ses liens de parenté avec le sorcier, sa curieuse impression au Sommet des Mondes et son attirance pour le grimoire caché chez Wandéline.

D’un autre côté, sa rencontre avec Elisha avait été beaucoup moins pénible. La vieille femme l’avait spontanément appelé Alix, diminuant ainsi sa méfiance naturelle envers les voyantes. Quoi que…

 

* *

*

 

Alix se repassa une main dans les cheveux.

— J’ai beaucoup réfléchi à la deuxième, Elisha. Bien qu’elle m’ait rendu service, elle m’a donné l’impression de savoir exploiter chaque visiteur. Quand je songe à mes dernières visites, j’ai la sensation de m’être laissé endormir par ses belles paroles et sa trop grande gentillesse à mon égard, alors que c’est ma mère qui avait renseigné cette femme sur mon passé… Comment savoir jusqu’où s’étendent réellement ses dons ?

— Je ne veux pas qu’elle regarde dans mon passé ni mon avenir, je veux qu’elle cherche quelqu’un, m’opposai-je. Je ne vois pas comment cela pourrait me nuire !

— Crois-moi, on ne le voit pas tant qu’on n’a pas le nez dessus. À ce moment-là, il est généralement trop tard. Mais comme je sais pertinemment que tu refuseras de comprendre le bon sens, je t’avertis tout de suite que je t’accompagnerai.

— L’idée que je puisse te laisser derrière moi ne m’a même pas effleuré l’esprit, rétorquai-je, sourire en coin. On part quand ?

— En fin d’après-midi.

 

* *

*

 

Nous arrivâmes devant la maison de la vieille Elisha alors que le soleil descendait lentement sur l’horizon. Je n’avais encore jamais visité une véritable ville de la Terre des Anciens et je n’aurais pas dédaigné le faire maintenant, mais mon Cyldias refusa catégoriquement. Pour toute raison, j’eus droit à un sarcastique « ce n’est pas un endroit pour une dame », ponctué d’une expression indéchiffrable.

Nous fûmes accueillis par Séphonie, la petite-fille de la voyante, et dirigés vers la pièce où cette dernière méditait.

— Je m’attendais à votre visite plus tôt.

Je jetai un regard à Alix, mais il fixait Elisha d’un air qui ne me disait rien qui vaille. Néanmoins, il fit l’effort de rester poli :

— Nous n’avions pas besoin de vos services avant aujourd’hui.

— Il est vrai qu’avec une mère comme la vôtre…

— Pourquoi ne pas m’avoir dit que vous la connaissiez ? la coupa-t-il.

— Parce que les révélations que je venais de vous faire suffisaient amplement. Je ne suis pas certaine que vous étiez prêt à en entendre davantage. Vous vivez sans compromis, Alix de Bronan, et vous ne vous laissez pas facilement apprivoiser. Je…

— Je suis comme je suis, l’interrompit Alix une fois de plus. Je vis dans un univers où on n’a de cesse de vouloir ma peau. Il ne faut donc pas s’étonner que je la défende chèrement.

Elisha sourit devant l’arrogance de mon Cyldias. Elle devait comprendre ce qu’il voulait dire puisqu’elle était au courant de beaucoup de choses sur sa vie. Pour ma part, je saisis alors pleinement le potentiel de danger d’une femme comme celle-là : on ignorait toujours où s’arrêtaient ses connaissances…

— Vous savez pourquoi je suis venue ? m’enquis-je.

Alix m’avait mentionné que, lors de sa première visite, elle lui avait annoncé la raison de sa présence bien avant qu’il ne la formule. Ça ne semblait pas aussi simple en ce qui me concernait. Elisha sursauta, avant de se tourner vers moi et de me regarder étrangement, inclinant la tête sur le côté. Je plissai les yeux pour compenser le manque de lumière de la pièce et une certitude s’imposa alors à mon esprit.

— Tu n’es pas venu seul, s’exclama la vieille dame, délaissant soudain le vouvoiement.

Alix eut un mouvement de recul, avant de froncer les sourcils.

— Bien sûr que non ! Je…

— Elle est aveugle, Alix, dis-je doucement. Sa vie n’est plus faite d’images réelles, mais uniquement de perceptions.

Je parierais d’ailleurs que c’est cette particularité qui rend son don si exceptionnel.

— Pour une rare fois dans ma longue vie, je n’ai aucune idée préconçue sur la personne qui me parle et qui m’a si rapidement percée à jour. Je peux toutefois affirmer que cette jeune femme est promise à un avenir sans pareil.

— Aveugle ! répéta Alix, incrédule, sourd à ce que venait de dire Elisha.

— Eh oui, aveugle, sourit la vieille femme. C’est pour cette raison que je me suis installée à Nasaq ; je suis incapable de voyager comme par le passé. Toutefois, si j’ai perdu la vue, il en va tout autrement de mes dons, qui se sont aiguisés.

Fasciné malgré lui, Alix se rapprocha, oubliant momentanément ses griefs.

— Mais vos yeux sont parfaitement…

— Normaux ? compléta Elisha. C’est le cadeau d’une amie magicienne. Elle disait que ça m’éviterait bien des ennuis. Ma cécité n’est pas survenue brusquement ; la perte s’est échelonnée sur une longue période. Cela m’a permis de m’adapter progressivement, évitant d’attirer l’attention sur mon nouvel état.

— Mais alors, continua Alix en se tournant vers moi, comment as-tu fait pour…

Je haussai les épaules, incertaine.

— Tu es une Fille de Lune, n’est-ce pas ?

Je répondis par l’affirmative, puis j’attendis qu’Elisha poursuive.

— Voilà qui explique bien des choses, murmura la voyante. Tu ne serais pas l’héritière de Maxandre, par hasard ?

Nouvelle réponse affirmative de ma part.

— Vous avez connu Maxandre ? m’enquis-je, légèrement incrédule.

J’eus l’impression que son visage s’illuminait à la mention de la Grande Gardienne.

— Bien sûr, mais de bien étrange façon. C’est d’ailleurs elle qui a modifié l’aspect de mes yeux.

— Quel âge avez-vous donc ? m’exclamai-je.

Elle sourit.

— Je ne compte plus depuis que j’ai passé la centaine.

— Mais votre petite-fille…, commença Alix.

— Je n’ai eu qu’une fille et je l’ai eu très tard, tout comme elle a eu Séphonie à un âge avancé, l’interrompit Elisha. D’où notre grande différence d’âge.

Considérant que sa généalogie ne me concernait pas, je revins à notre conversation première.

— Comment se fait-il que vous ne perceviez pas ma présence ?

— Je ne sais pas, avoua Elisha. Il en était de même pour Maxandre. Par contre, pour elle, c’était légèrement différent puisqu’elle ne me visitait pas réellement. Elle laissait son corps charnel derrière elle et ne voyageait qu’avec un corps translucide, à l’image des spectres de Filles de Lune. Ma fille était d’ailleurs toujours très impressionnée par ses visites.

— Dans les cinquante dernières années de son existence, Maxandre ne quittait plus son repaire que de cette manière. Elle m’a expliqué que c’était l’unique façon de préserver sa vie jusqu’à ce qu’elle trouve une Fille de Lune pour la relayer. Elle a finalement abandonné cet espoir pour aller mourir sur la Montagne aux Sacrifices…

Elisha hocha la tête pour me signifier qu’elle connaissait cette particularité de la vie de Maxandre.

— Bien qu’elle soit venue me consulter une vingtaine de fois pour en connaître davantage sur les ennemis de l’univers de Darius, je n’ai jamais rien appris sur elle-même, pas plus que je n’ai été en mesure de lui prédire le moindre événement et je sais que ce sera la même chose pour toi. Elle est restée une énigme jusqu’à la fin. Par contre, je pourrais aujourd’hui te raconter l’ensemble de sa vie sans faire la moindre erreur. Au moment de sa mort, son existence tout entière s’est ajoutée à mon savoir sans que je sache pourquoi. Peut-être est-ce parce que j’allais te rencontrer ?

Cette femme me fascinait littéralement alors même qu’elle m’avouait ne pas être capable de prédire ce que l’avenir me réservait. En fait, je préférais cela. Il est plus facile d’affronter les drames que nous réserve le destin que de les anticiper.

— Mais vous m’aviez dit avoir vous-même ouvert la porte à Mélijna lors de sa visite, s’entêta Alix. Comment n’a-t-elle pas pu se rendre compte que…

— J’ai connu des aveugles qui se débrouillaient très bien seuls dans leur maison, Alix, et cela justement parce que c’était leur environnement quotidien, m’objectai-je.

— Eh oui, jeune homme, elle a raison. Bien malin celui qui est capable de dire que je suis aveugle uniquement en me regardant évoluer chez moi. Mais je m’explique mal pourquoi ma condition t’énerve autant.

— Tout simplement parce que ça lui a échappé…, insinuai-je avec un plaisir évident.

La vieille Elisha esquissa un sourire qui en disait long avant de revenir à ce qui nous préoccupait, décidant vraisemblablement que ce badinage avait assez duré.

— Quelle que soit la raison de ta visite…

— Naïla.

Elisha reprit.

— … Naïla, je crains de ne pas pouvoir t’être utile puisque je ne verrai strictement rien en toi, à moins que…

La voyante se tourna vers Alix, songeuse.

— N’est-ce pas la jeune femme qui occupait tes pensées la dernière fois que tu es venu me rendre visite ?

Mon Cyldias eut le bon goût de rougir légèrement, ce qui m’amusa au plus haut point. Je ne dis cependant rien pour ne pas ajouter au malaise que je percevais chez lui.

— Ouais, répondit-il à contrecœur, tout en me jetant un regard en coin. C’est que la dame a tendance à attirer les ennuis, ajouta-t-il pour se donner une contenance.

La vieille femme se contenta de sourire.

— Peu importe la raison de sa présence dans ton esprit, poursuivit-elle, cela m’a permis de voir à quoi elle ressemblait. C’est déjà un point de départ.

— Je souhaite retrouver mon grand-père, commençai-je, avant de lui relater toute l’histoire.

Si Maxandre avait pu lui faire confiance par le passé, cela suffisait à me convaincre qu’il en était de même pour moi. Un long silence accueillit la fin de mon récit.

— Approche-toi, Naïla, que je puisse mettre la main sur ton front.

J’obéis, sachant ce qu’elle avait en tête.

— Vous avez essayé cette méthode avec Maxandre ? demandai-je, curieuse.

Elle hocha la tête, affirmative.

— Ça ne fonctionne que si je cherche une image bien précise. Dans ton cas, je suis certaine que ta mémoire a conservé ce que tu appelles une photo. Mais je te préviens, si ton corps est aussi peu coopératif que celui de ta prédécesseur, ça risque de prendre un peu de temps.

Effectivement, il fallut près d’une heure pour que la vieille femme puisse extraire de mon cerveau ce qu’elle désirait. Pendant ce temps, je passai par toute la gamme des émotions, comme si mon corps ne savait pas exactement comment se défendre contre cette intrusion et qu’il essayait plus d’une méthode à la fois. Quand elle retira enfin sa paume, j’avais un mal de tête inimaginable qui me fit amèrement regretter les ibuprofènes de mon ancienne vie. J’allais devoir attendre que ce martèlement cesse de lui-même. Je confiai la douleur à mes Âmes Régénératrices.

— L’homme que tu cherches est toujours de ce monde, mais il refuse toute visite depuis de nombreuses années maintenant. Il vit en ermite dans une forêt à l’extrême sud du continent. Je suis toutefois dans l’impossibilité de te dire où exactement ; il y a comme une étrange aura de magie autour de lui.

— La frontière temporelle de Sagan…, murmura Alix.

Le visage d’Elisha s’éclaira.

— Mais bien sûr ! s’écria la voyante. Voilà pourquoi je suis incapable de le localiser avec précision. Les frontières temporelles résistent à toute forme de détection, qu’une créature repérable y habite ou non. Tu sais où se trouve cette faille, Alix ?

— Oui. Je m’y suis déjà rendu à deux reprises, mais je n’ai pas pu y entrer, ni savoir où elle conduisait. Le gardien ne s’est même jamais montré le bout du nez.

— Eh bien, je crois qu’on vient de trouver ce gardien. Il ne vous reste plus qu’à vous rendre sur place.

— Elisha ?

La voix d’Alix était descendue dans les graves. Je me demandai soudain ce qui pouvait bien nécessiter une telle retenue de sa part.

— Oui ?

L’accent d’interrogation était évident dans la réponse. Elle aussi avait donc remarqué le changement d’attitude d’Alix.

— Ce que vous avez demandé à mon frère en échange de sa collaboration…

Il marqua une pause, hésitant à poursuivre. Elisha prit les devants.

— Ce n’est pas pour un usage personnel, si c’est ce que tu veux savoir, Alix. Bien que j’aie pleinement confiance en toi et en ton jugement, je refuse cependant de t’en dire davantage, tout comme j’ai refusé de répondre à ta mère. Cette histoire ne concerne que moi…

Mon Cyldias n’insista pas, mais je vis qu’il ne se contenterait pas de cette réponse. Comme il était beaucoup trop tard pour nous rendre sur Sagan aujourd’hui, je proposai à Alix de trouver un endroit en ville pour dormir. Ma proposition n’eut pas l’heur de plaire à mon compagnon. Après un coup d’œil à mon Cyldias, Séphonie s’empressa de nous offrir le gîte pour la nuit, ce qu’Alix accepta avec soulagement. Je n’avais aucune idée de ce qui venait de se passer, mais je ne posai pas de question, étant certaine de ne pas avoir une véritable explication. À choisir entre le mensonge et l’ignorance, j’aimais encore mieux la seconde option…

 

Quête d'éternité
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